Comme dans toute histoire dramatique, ça avait plutôt bien commencé avec l’insouciance du temps des cerises et Lucie ma cadette perchée dans le godet du tracteur pour cueillir les cerises du clafoutis dominicale.
Ensuite, très vite, trop vite, est venue pour la troisième année de suite la sécheresse, le robinet des pluies qui se ferme, les prés qui jaunissent à vue d’œil, l’herbe qui brûle, la terre qui apparaît et donne aux pâture un air de Sahel. Et l’eau qui manque jusque dans les bacs d’abreuvement, qu’il faut remplir tous les deux/trois jours . Les lots d’animaux qu’ils faut bouger encore et encore pour tenter de leur donner quelque chose à se mettre sous la dent, travailler par 40 ° pour installer des clôtures électriques, rentrer les lots trop fugueurs qu’on arrive plus à tenir au pré , repousser, voire annuler des découpes faute d’agneaux assez finis, première fois depuis mes débuts…
Cet été je l’ai cependant mieux appréhendé que les deux précédents, au plus fort des chaleurs je me suis préservé en commençant plus tôt pour arrêter vers 13h et rester au frais ensuite jusque vers 17h , mais parfois ça n’a pas été possible il fallait y aller quand même ! , néanmoins je sors moins épuisé que l’an dernier, c’est déjà ça.
Par contre j’ai été plus tôt qu’avant en difficulté pour nourrir l’ensemble du troupeau, merci à Jérôme pour la mise à disposition de prés de fauche inutilisés après les foins, même si la ressource n’était pas abondante elle avait au moins le mérite d’exister . Par ailleurs j’ai également continuer à développer l’éco-pâturage initié dès mon installation il y a 9 ans avec les communes, la réserve naturelle de la truchère, l’an dernier avec APRR société d’autoroutes et plus récemment la SNCF et la la DIR 71 des espaces neufs et bien fournis en ressources. Maintenant les brebis de la bergerie de Blany regardent passer les TGV !
Et puis ce que je redoutais (pour suivre de près le retour de cet animal depuis quinze ans) s’est produit et est venu assommer un peu plus les éleveurs ovins de Saône et Loire , le loup est de retour, entre Beaubery et St Micaud depuis le 25 juin c’est aujourd’hui une centaine d’ovins tués et autant de blessés, des éleveurs désemparés, en colère, découragés. Parmi eux de nombreux amis que j’ai peine à voir ainsi.Pour subir régulièrement (trop) des attaques de chiens divagants sur mon élevage je sais ce qu’est le traumatisme de trouver un troupeau en sang, des brebis les tripes à l’air , des bêtes affolées, en fuite etc..Les blessés qu’il faut soigner pendant des semaines et qui parfois ne s’en remettent pas. Et la boule au ventre le matin quand on va faire le tour des bêtes et que l’on ne sait pas ce qu’on va trouver.
Un été vous l’aurez compris que je suis ravi de voir se terminer . Les pluies de ces derniers jours , bien que tardives ,relanceront peut être une pousse d’herbe d’automne, qu’au moins les petits ruminants pourraient valoriser , on croise les doigts.Sur ma dernière tournée des bêtes une seule cuve de 400 l a suffi , j’ai gagné 3 heures de travail…
Concernant le retour du loup je vous donnerai mon sentiment sur le sujet dans un prochain article , d’ici là j’espère ne pas avoir à faire à lui, ou eux …
A bientôt
Jean-Luc