La bergerie commence à se remplir du bêlement caractéristique de brebis qui appellent leur progéniture. Depuis lundi 7 nouveaux agneaux sont venus rejoindre la petite agnelle qui avait ouvert la saison des naissances il y a trois semaines maintenant. Deux « doubles » (comprendre deux agneaux pour la même brebis) et des triples ( comprendre..) avec des agnelages sans aide, sauf la dernière paire car j’étais présent, les sabots pointaient et l’agneau étant un peu gros j’ai préféré aider la brebis , le second fut une formalité. Il n’en va pas toujours ainsi et ci, là ,tout s’est passé comme dans les livres ..il y a toujours pour l’éleveur un stress au moment des agnelages.
Que va t on trouver ? Trop de pattes, pas de tête qui semble aller avec, une patte repliée et qui fait coin empêchant l’agneau de sortir, deux agneaux qui veulent sortir ensemble, un gros agneau coincé au passage et qu’il faut se dépêcher de sortir sous peine d’issue fatale, une brebis pas très dilatée etc… C’est donc un moment crucial , de là vont dépendre en grande partie les résultats de l’année à venir, pas trop le droit à l’erreur donc.., être présent, réactif, faire les bons choix, les bons gestes, aider la nature tout en acceptant que ce soit elle la patronne..
J’aime tout particulièrement cette période de grande intimité avec le troupeau, les heures de présence sont décuplées, l’adrénaline, la concentration quand il faut aller chercher les agneaux dans la matrice, comprendre comment ils sont positionnés, remettre de l’ordre pour une sortie au grand jour, encourager la brebis, réanimer l’agneau quand on le sent partir et cette joie du passage à la vie ! Parfois c’est l’échec, agneaux qui ne survivent que quelques heures , brebis qui fait des complications , il faut l’accepter comme partie intégrante du travail d’éleveur et essayer d’en tirer les enseignements pour améliorer sa pratique.
Au contact du vivant on se sent bien humble, et une chose est sûre pas de routine, on apprendra toute notre vie !
A bientôt
Jean-Luc